J2 : Don du vivant, le cœur c'est possible !

En attendant des nouvelles de la Course de notre blogueuse Anne, actuellement sur les routes de Champagne dans le véhicule qui suit les 18,9 km de Justine, voici une parenthèse don d'organes depuis les bases arrières de Paris.

Hier au Trocadéro, j'ai retrouvé Marina d'Oracle (équipe Triple Cœur), une figure emblématique de la Course du Cœur, impliquée depuis longtemps dans les opérations de sensibilisation dans les écoles. Elle a laissé échapper une anecdote qui prenait la forme d'une devinette. Nous connaissons tous le don du vivant pour le foie et le rein. Mais pour le cœur ? - Je me concentre, mais mon cerveau ne m'envoie que de faibles signaux. Même dans un acte désespéré, l'ultime sacrifice serait vain. Les suicides font l'objet d'une enquête et parfois d'une autopsie qui rendent le prélèvement du cœur impossible (quatre heures d'ischémie au maximum).

(illustration UKHealthCare)

La solution de cette énigme réside sans la complexité de la transplantation pulmonaire. Il est parfois plus facile de transplanter l'ensemble cœur + poumons que les poumons seuls. C'est ce qui est arrivé en 1987 à Clinton House, malade d'une mucoviscidose. Comme son cœur était en bon état, il reçut cœur + poumons d'un accidenté de la route, et céda son cœur à John Couch, en insuffisance cardiaque. Ce don du vivant du cœur était une première aux Etats-Unis, mais deux opérations semblables (appelées désormais "domino transplant") auraient été réalisées un peu avant au Royaume-Uni. Clinton House est décédé quatorze mois plus tard de complications liées au rejet, alors que John Couch a pu vivre normalement dix ans de plus. Autre particularité, le cœur du donneur vivant fut greffé en assistance du cœur trop faible de John laissé en place !

Comme le don n'est pas anonyme aux Etats-Unis, Clinton et John ont pu se rencontrer et sont même devenus rapidement des amis. Situation irréelle : Clinton avait face à lui un homme qui vivait avec deux cœurs dont celui qu'il avait cédé...

Frédéric Lesur